Les interventions en santé mentale auprès de communauté des Premières Nations et des Inuits font souvent recours à des questionnaires psychométriques qui incommodent les patients autochtones. Ceux-ci rapportent qu'Ils préfèrent compléter des outils qui favorisent la résilience et l’empowerment et qui permettent un vrai dialogue avec les intervenants. C’est pourquoi il est important de créer des instruments adaptés culturellement qui correspondent aux valeurs, à la langue et à la réalité de chaque population.
Une équipe de recherche de l’Institut Douglas, dirigée par la Dre Outi Linnaranta et Liliana Gomez Cardona (PhD), a travaillé en collaboration avec des membres des communautés Mohawk et Inuit montréalaises. L’équipe de recherche a collaboré étroitement avec des partenaires de Kahnawake Shakotiia’takenhas Community Services, Kahnawake Schools Diabetes Prevention Project, Mohawk Council of Kahnawake, Ullivik Centre et LaLouve Consulting. Ce projet a reçu l’approbation éthique de l’Onkwata’karitáhtshera Health and Social Services Research Council de Kahnawà:ke et du Comité d’éthique à la recherche de l’Institut en santé mentale Douglas.
L’objectif premier de l’étude était d’adapter culturellement des outils psychométriques couramment employés en psychiatrie. Les outils d’évaluation qui se concentrent sur les symptômes des patients avec des échelles numériques pour quantifier la sévérité ou la récurrence de symptômes ne correspond pas aux perspectives traditionnelles de la santé au sein de ces populations. De tels questionnaires focalisés sur les sympômes ne sont ni sécuritaires, ni sécurisants, et n’aident pas dans le processus thérapeutique dans ces communautés.
La Dre Linnaranta et ses collaborateirs ont ainsu menté une étude afin de mieux comprendre l’inadéquation des outils psychométriques et d'explorer les caractéristiques des outils qui sont culturellement adaptés aux patients autochtones. À travers des focus group, différents partenaires, y compris les intervenants et des représentats des communautés Mohawk et Inuit, ont pu fournir leurs impressions et commentaires sur plusieurs outils psychométriques.
Il apparait que les outils qui sont centrés sur les capacités de résilience des individus, plutôt que sur leurs symptômes négatifs, sont considérés adéquats et nécessaires. Le Growth and Empowerment Measure a été particulièrement apprécié parmi les nombreux outils proposés. Il contient des éléments qui capturent l’attention (ex. symboles culturellement significatifs), contribuent à l’introspection et encouragent la confiance en soi et l’empowerment. Également, il comprend des questions qui ne sont pas seulement centrées sur l'individu mais qui prennent en compte les dimensions familiale et communautaire. L’adaptation de cet instrument aux cultures locales est aussi prometteuse puisqu’il peut faciliter la communication entre l’intervenant et la personne.
“One thing that stood out to me is this GEM one because I really like the balance; it includes the resilience and a lot of the good stuff too. A lot of time when we look at our measures, I don't think there’s too much in there that talks about what is it that you have as a resource for yourself to be able to assess those kinds of things about what’s good and what kind of things that are positive in their life”.
Il ressort de cette étude qu’il faut adopter les outils d’évaluation psychiatrique et de santé mentale pertinents auprès des populations autochtones. Pour cela, il faut développer des outils qui ne cherchent pas uniquement à mesurer les symptômes, mais qui permettent aux patients de cheminer et de communiquer avec l’intervenant. Ces résultats ouvrent la voie au développement de nouveaux outils culturellement adaptés et à de nouvelles pratiques d’évaluation.
Ce projet n'aurait pas été possible sans la participation des partenaires communautaires qui s'y sont impliqués. Il a été financé par Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ), le Réseau universitaire intégré de santé et services sociaux (RUISSS) McGill, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Réseau québécois sur le suicide, les troubles de l’humeur et les troubles associés (RQSHA).