Chez les personnes atteintes de dépression, les interactions et activités quotidiennes deviennent plus difficiles. La dépression peut être associée à des comportements comme l’évitement social, c’est à dire le refus d’être confronté aux situations d’interactions avec d’autres personnes de peur d’être mal jugé ou critiqué. De plus, les médecins et autres intervenants en santé mentale documentent chez leurs patients atteints de troubles dépressifs des déficits cognitifs, particulièrement au niveau de la mémoire. Or, une équipe du Centre de recherche Douglas et de l’Université McGill a démontré que la mémoire neuronale des expériences de stress s’explique par une trace biologique dans une région particulière du cerveau, l’hippocampe, qui est liée à des symptômes associés avec la dépression.
Un article de l’équipe du Prof. Tak Pan Wong du Centre de recherche Douglas, Professeur au département de psychiatrie de l’Université McGill, a paru aujourd’hui dans la revue Journal of Neuroscience. L’étude, basée sur un modèle de dépression utilisant le stress social chez la souris, est une des premières à présenter qu’un marqueur biologique au niveau de l’hippocampe pourrait expliquer les difficultés cognitives qui sont fréquemment observées en lien avec la dépression.
La mémoire liée aux événements serait enregistrée par des réseaux de neurones qui s’activent de façon coordonnée pour coder la mémoire – on les appelle des « engrammes ». Chez les souris qui y sont susceptibles, l’expérience répétée d’épisodes de stress social mène à la suractivation de certains engrammes dans l’hippocampe et à l’apparition de comportements liés à la dépression.
De plus, Wong et son équipe ont pu modifier ces traces mémorielles pour influencer les comportements d’évitement social. Lorsqu’ils activaient les engrammes, les souris susceptibles avaient plus de comportements d’évitement et inversement, lorsqu’elles sont désactivées, les comportements d’évitement social diminuent.
Cette découverte, reconnue par la prestigieuse Society for Neuroscience pour son aspect innovateur et son potentiel, offre une nouvelle voie pour comprendre les mécanismes cellulaires du déclin cognitif lié à la dépression. Même si les réponses aux stress sociaux sont individuellement très variables, l’observation de ce mécanisme chez les souris ouvre une nouvelle voie de recherche pour le traitement de la dépression chez l’humain.
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