Communément considéré comme le trouble de santé mentale plus sévère, environ
370 000 Canadiens vivent avec un diagnostic de schizophrénie. Les symptômes aggravants peuvent inclure des hallucinations auditives, des croyances délirantes troublantes, un retrait social et une altération des fonctions cognitives. En se combinant, ces symptômes affectent gravement le fonctionnement social et occupationnel, le bien-être, ainsi que la qualité de vie. Malgré la prise de médicaments, environ 80% des personnes vivant avec la schizophrénie demeurent affectées par ces symptômes aggravants.
L’entraînement aux habiletés métacognitives pour la psychose (EMC), une brève intervention de groupe en santé cognitive, disponible sans frais, vise à réduire la gravité de ces symptômes en évitant la confrontation et en se concentrant sur la rectification des biais cognitifs ou autres pièges de la pensée. Co-développée en 2007 par le Professeur Steffen Moritz à l’Université de Hambourg, en Allemagne, l’EMC s’appuie sur plusieurs années de recherche en neuropsychiatrie et en psychologie. À l’origine, cette intervention a été conçue pour traiter la schizophrénie, mais a été adaptée avec succès pour soigner d’autres pathologies telles que la dépression et les troubles obsessifs-compulsifs.
« Quinze ans et de nombreuses études internationales plus tard, il est maintenant temps d’examiner les preuves empiriques accumulées et les effets à long terme de l’EMC. Cette prochaine étape permettra de faciliter un accès plus large à cette intervention », constate le Dr. Martin Lepage, PhD, Professeur James McGill de Psychiatrie à l’Université McGill et Directeur scientifique délégué du Centre de recherche Douglas et auteur principal d’une nouvelle étude publiée dans le journal JAMA Psychiatry.
L'objectif de cette revue systématique et de cette méta-analyse, réalisée en collaboration avec le Professeur Moritz, était de déterminer l’efficacité de l’EMC à court et à long terme, en combinant les résultats de 43 études incluant 1816 participants.
Les résultats démontrent que l’EMC est très efficace pour réduire les symptômes psychotiques tels que les délires et les hallucinations, en plus d’améliorer l’estime de soi et le fonctionnement.
« De façon impressionnante, les bénéfices de l’EMC se sont maintenus jusqu’à un an après la fin de l’intervention », explique Danielle Penney, candidate au doctorat sous la supervision du Professeur Lepage et première auteure de l’étude. « Plus généralement, ces résultats appuient l’utilité de l’EMC comme outil efficace pouvant être offert par des intervenants en santé mentale à travers différents milieux de soins, tout en ouvrant la porte au développement d’approches alternatives telles que les interventions numériques ».
Les chercheurs ajoutent que ces résultats importants arrivent également à point, puisque les Canadiens pourront bientôt bénéficier de l’EMC. En effet, cette intervention sera offerte dans plusieurs sites dans le cadre d’une étude menée par leur groupe et visant à implanter deux interventions virtuelles sur la santé cognitive pour les personnes présentant un trouble psychotique.
« Cette étude novatrice servira de catalyseur dans l’utilisation des technologies numériques pour augmenter l’accès à ce type d’intervention psychologique, et nous espérons que cela mènera à l’amélioration des soins pour de nombreux patients qui bénéficieraient grandement de l’EMC », conclut le Professeur Lepage.
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doi:10.1001/jamapsychiatry.2022.0277