Les cycles éveil-sommeil et la santé mentale tout au long de la vie

14 mars 2025 – Journée internationale du sommeil

Nous passons environ un tiers de notre vie à dormir. La quantité de sommeil, sa qualité, et l’horaire de nos cycles éveil-sommeil changent au cours de la vie. Mais ce qui ne change pas, c’est l’importance de ces cycles pour notre santé en général, et notre santé mentale en particulier. Dans la dernière année, des équipes de recherche du Douglas ont fait des découvertes importantes sur les liens entre les cycles éveil-sommeil et la santé mentale.

La Pre Reut Gruber travaille sur le sommeil des enfants et des adolescents. Au cours de la dernière année, elle s’est penchée sur les idées suicidaires qui peuvent se manifester chez les jeunes et le lien potentiel avec des perturbations du sommeil. Selon la Pre Gruber, « Les idées suicidaires chez les adolescents de la communauté sans diagnostic psychiatrique sont associées à une somnolence diurne accrue et à des heures de réveil plus tardives », raison pour laquelle il faut se montrer vigilants vis-à-vis du sommeil des ados et ne pas négliger une bonne hygiène de sommeil.


Plus tard dans la vie, les cycles éveil-sommeil peuvent être un bon indicateur de divers troubles de santé mentale, notamment les troubles de l’humeur. Le Pr Florian Storch étudie les liens entre cycles éveil-sommeil et maladie bipolaire, en utilisant des petits animaux comme modèle d’étude pour mieux comprendre les changements dans le cerveau qui peuvent contribuer aux symptômes de bipolarité.

Nous avons récemment montré, en utilisant des souris comme modèle, que la synchronisation du sommeil est contrôlée par une deuxième horloge cérébrale chez les individus ayant des symptômes de troubles bipolaires : leur cycle éveil-sommeil n’est plus en phase avec l’environnement solaire diurne mais dérive en raison de l’activation de cette seconde horloge qui n’est pas opérationnelle chez les personnes non affectées.
– Pr Florian Storch

Ainsi, chez les individus vivant avec la bipolarité, les phases cycliques de manie et de dépression durant souvent 48h pourraient être expliquées par cette deuxième horloge biologique.


La Pre Diane Boivin s’est intéressée aux liens entre sommeil et troubles de l’humeur et a mené des revues récentes de la littérature en collaboration avec le Dr Christophe Moderie. « Jusqu’à 25 % des personnes souffrant de dépression sont également touchées par l’hypersomnolence, compliquant ainsi leur traitement. Notre revue de littérature nous permet d’identifier divers mécanismes sous-jacents à ce phénomène et de proposer des approches diagnostiques ainsi que des traitements ciblés, incluant des thérapies pharmacologiques, la luminothérapie et des approches cognitivo-comportementales. »
Lors de l’arrivée de la ménopause, de nombreuses femmes rapportent des troubles liés au sommeil. La Pre Boivin s’est attardée à ces cycles éveil-sommeil changeants afin d’identifier des liens possibles entre le sommeil et la ménopause:

Nos études récentes indiquent qu’un affaiblissement des rythmes contrôlés par l’horloge biologique contribuerait aux perturbations du sommeil chez les femmes ménopausées, observation qui ouvre la voie à de nouvelles avenues thérapeutiques.
– Pre Diane Boivin

Aussi pourrions-nous peut-être envisager prochainement de mieux traiter ce symptôme de la ménopause pour faciliter une transition de vie souvent difficile.


Enfin, le Pr Judes Poirier, expert dans l’étude de la maladie d’Alzheimer, a récemment publié des études sur l’étude du sommeil comme façon de détecter le risque de maladie d’Alzheimer :

Nous avons récemment découvert que certains marqueurs biochimiques de l’inflammation jouent un rôle le rôle important dans les perturbations du sommeil qui augmentent significativement le risque de développer la maladie d’Alzheimer après 65 ans.
– Pr Judes Poirier

Ensemble, les travaux de ces chercheurs démontrent l’importance du sommeil à tous les stades de la vie.

 

Pour en savoir plus, visitez la page du groupe thématique :

“Sommeil et rythmes biologiques”