La science ouverte dans la lutte contre la maladie mentale

Le Centre de recherche Douglas mettra ses données de recherche à disposition pour hâter la découverte de traitements 

Selon une estimation datant de 2017, plus de 10 % de la population mondiale vit avec un trouble mental, soit environ 792 millions de personnes. Comme la pandémie actuelle aura des retombées considérables et durables sur la santé mentale des populations, le besoin de traitements efficaces s’avère pressant, et les progrès tardent à venir dans nombre de domaines.  

Pour accélérer le mouvement, le Centre de recherche Douglas (CRD), affilié au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS-ODIM), adhère à la science ouverte, pour partager ses données de recherche avec les scientifiques du monde entier.  

En emboîtant le pas au Neuro dans sa démarche pour la science ouverte, le CRD rendra publics les résultats de ses recherches, selon les principes des données FAIR (faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables). Il facilitera ainsi leur utilisation en vue de générer des retombées sur l’éducation, la santé et la société, tout en réduisant la protection restrictive de la propriété intellectuelle sur les résultats de recherche.  

En 2020, le Douglas a reçu un financement de 100 000 dollars de l’Institut Tanenbaum pour les sciences ouvertes (ISOT) au Neuro pour concevoir les principes de la science ouverte applicables à l’établissement. Le Douglas s’est maintenant engagé dans une politique de science ouverte structurée selon cinq principes directeurs visant à diffuser largement les résultats de la recherche, à maximiser leurs retombées sociétales et à donner un pouvoir d’agir aux participants de la recherche et aux utilisateurs des services.  

Les 5 principes de Science ouverte du Centre de recherche Douglas


Une occasion stimulante 

En tant que centre de recherche sur la santé mentale, le DRC vise à mettre en place des pratiques de science ouverte dans un domaine sensible où la vie privée des patients doit être préservée. La maladie mentale crée des vulnérabilités émotionnelles, sociales et cognitives uniques. Les politiques de science ouverte doivent bénéficier aux chercheurs tout en respectant les besoins des patients et des participants à la recherche. Le franchissement de ces obstacles permettra de créer un modèle pour d’autres établissements de santé mentale lors de l’adoption des pratiques de la science ouverte.  

Le fait de relever du CIUSSS-ODIM, qui couvre un vaste territoire, autorise une participation des patients à plusieurs niveaux de soins et des collaborations couvrant une multiplicité de disciplines. 

« En santé mentale, l’intégration de la science ouverte dans la recherche soulève certainement des problèmes, le plus évident étant la protection de la vie privée des participants à la recherche et des utilisateurs de services », déclare la professeure Sylvia Villeneuve, chercheuse au CRD et titulaire d’une chaire de recherche du Canada en détection précoce de la maladie d’Alzheimer. « Le premier ensemble de données PRÉVENIR-MA mis à disposition sur la Plateforme canadienne de neuroscience ouverte a été pour nous une source d’enseignements. On peut maintenant consulter une cohorte longitudinale de participants atteints de la maladie d’Alzheimer avant l’apparition des symptômes sur l’interface unifiée. Pour ce faire, nous sommes parvenus à un juste équilibre entre la mise en place de mesures de protection adéquates et la plus grande diffusion possible. Les participants souhaitent vivement prendre part aux études de science ouverte ».  

« En tant que premier organisme canadien de recherche en santé mentale qui adopte la science ouverte à l’échelle de l’établissement, nous ouvrons la voie dans notre domaine » fait remarquer le Dr Gustavo Turecki, directeur scientifique du CRD et directeur du département de psychiatrie de l’Université McGill. « De nombreux programmes de recherche au Douglas se fondent sur les principes de la science ouverte, depuis le partage intensif d’échantillons de tissus cérébraux jusqu’aux transferts des connaissances de grande portée. Nous voulons ainsi démontrer que la science ouverte en santé mentale est non seulement applicable, mais surtout qu’elle débouche sur des avancées scientifiques rigoureuses et rapides dans un environnement de recherche intégré à la pratique clinique. »