À la rencontre de … Cecilia Flores, PhD

La Dre Cecilia Flores a récemment obtenu une importante subvention par le National Institute on Drug Abuse (un institut des National Institutes of Health, basés aux États-Unis) afin de poursuivre ses études sur les effets de l’amphétamine sur le développement du cerveau adolescent, particulièrement en trait avec la vulnérabilité accrue aux troubles psychiatriques. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec Dre Flores au sujet de son travail.


Pouvez-vous nous décrire le sujet de votre subvention NIH?

L’objectif de ces travaux de recherche est d’étudier l’impact des substances psychoactives pendant l’adolescence sur le développement du cortex préfrontal, augmentant le risque de développement de troubles psychiatriques au cours de la vie. Le cortex préfrontal finit de mûrir chez les jeunes adultes et est étroitement lié au contrôle des impulsions et de la prise de décision. Nous nous sommes concentrés sur l’amphétamine, une substance stimulante qui est utilisée de façon récréative mais aussi dans un contexte thérapeutique. Nous étudions les gènes qui contrôlent le développement du cortex préfrontal, particulièrement pendant l’adolescence. Nous prévoyons ainsi d’étudier si et comment la sensibilité aux effets néfastes des drogues pendant l’adolescence est différente entre les mâles et les femelles et si les interventions à base d’outils d’édition du génome peuvent inverser cette vulnérabilité ou induire une protection dans nos modèles murins.

Il s’agit d’une subvention importante pour un(e) chercheur(e) canadien – à quoi attribuez-vous votre succès?

Il y a quelques années, mon équipe de recherche a identifié le premier ensemble de gènes qui contrôlent le développement du cortex préfrontal pendant l’adolescence. Avant cette découverte, les processus cellulaires et moléculaires contrôlant la maturation du cortex préfrontal pendant l’adolescence étaient inconnus. Le National Institute on Drug Abuse s’est alors intéressé à nos résultats et j’ai obtenu un financement de 5 ans pour étudier ces gènes « de l’adolescence » dans le contexte de substances psychoactives. Nous avons fait de nombreuses découvertes intéressantes et venons d’obtenir une autre subvention de 5 ans pour continuer ce travail. Nous nous intéressons tout particulièrement aux différences entre les sexes en matière de vulnérabilité aux drogues, sur l’utilisation thérapeutique ou récréative, sur des expériences qui diminuent ou augmentent la fonction des gènes en utilisant des manipulations CRISPR, en collaboration avec le Dr Jeremy Day à l’Université d’Alabama à Birmingham.

Quel impact cette subvention aura-t-elle sur votre travail?

Cette subvention nous permettra de répondre, de plusieurs points de vue, à la question de comment les substances psychoactives augmente le risque d’addiction. Nous pourrons utiliser des techniques de pointe pour manipuler et éditer l’expression génique dans des régions particulières du cerveaux chez des souris mâles et femelles. En employant des détecteurs de lumière, nous pourrons mesurer en temps réel la signalisation de neurotransmetteurs dans le cortex préfrontal de rongeurs pendant qu’ils effectuent des tâches comportementales complexes. Un autre objectif est de suivre le développement des réseaux neuronaux au cours de l’adolescence. Cette recherche nous fournira des indices quant au mécanisme de dépendance et d’addiction, et nous informera quant aux stratégies d’intervention potentielles auprès des jeunes.

Le travail de la Dre Flores cherche à comprendre comment l'exposition aux amphétamines pendant l'adolescence altère le développement cérébral et si les garçons et les filles sont affectés différemment. Ces travaux de recherche impliquent la manipulation de gènes dans des modèles murins et compare les effets d'exposition excessive aux drogues comparé à des doses semblables aux doses thérapeutiques.

 

Comment votre recherche va-t-elle changer notre compréhension de l’utilisation des substances chez les adolescents?

Notre travail nous informera sur qui est le plus vulnérable aux effets néfastes des substances psychoactives, quand cette vulnérabilité est la plus marquée, et sur les mécanismes neurobiologiques sous-jacents. Il nous éclairera également sur l’effet de la prise d’amphétamines par des adolescents, particulièrement si les perturbations constatées dans le contexte récréatif se produisent également dans le contexte thérapeutique, ou si, au contraire, il en existe des effets bénéfiques.

Avez-vous des conseils pour les jeunes chercheur(e)s concernant le succès dans le milieu académique?

Il est toujours important de suivre ses intérêts et ses objectifs, et surtout d’être très persévérant!