20 ans du Projet Verglas Stress prénatal et catastrophes naturelles : des impacts sur la santé des enfants

Janvier 1998. Une tempête de verglas plonge dans le noir plus de trois millions de Québécois pendant 45 jours. Une catastrophe naturelle mémorable, notamment pour Suzanne King, chercheuse à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Elle y voit une occasion unique d’étudier les effets du stress sur les femmes enceintes et sur leurs enfants à naître. 200 femmes sont recrutées. Son Projet Verglas prend son envol. 20 ans après, l’équipe de Suzanne King suit toujours une centaine de ces enfants.

« Après deux décennies de recherche ininterrompue, nous continuons de publier des résultats montrant les importants effets à long terme de l’exposition au stress prénatal sur la croissance, sur le comportement ainsi que sur le développement cognitif et physique des enfants du Projet Verglas », dit Suzanne King, professeure titulaire au département de psychiatrie de l’Université McGill.

La santé et le développement infantile en jeu

Le Projet Verglas a démontré que le stress maternel a des conséquences sur différents aspects du développement des enfants tels que le quotient intellectuel (QI), les traits reliés à l’autisme, la coordination bilatérale et la structure du cerveau.

Ainsi, Suzanne King et son équipe sont parvenues entre autres à montrer que :

  • les enfants dont la mère avait été exposée à un important stress maternel prénatal objectif (nombre de jours sans électricité par exemple) affichaient des QI plus faibles. Ces enfants avaient des capacités cognitives et langagières moins développées que ceux dont la mère n’avait pas vécu un stress objectif aussi élevé.
  • plus haut était le niveau de difficultés objectives des mères (ex. : durée de panne d’électricité) à la suite de la tempête de verglas, plus les traits autistiques que présentaient leurs enfants à l’âge de six ans et demi étaient sévères.

Il est à noter que plusieurs de ces associations dépendent du trimestre d’exposition durant la gestation ou le sexe de l’enfant.

Les plus récentes études publiées en 2017 par l’équipe de Suzanne King sur les mères-enfants de la tempête indiquent que plus l’épreuve subie par les mères avait été difficile, plus l’indice de masse corporelle des filles était élevé à l’âge de cinq ans et demi et prédisait alors une puberté plus précoce (âge des premières menstruations prématuré). D’ailleurs, l’ampleur de l’effet du stress maternel sur l’indice de masse corporelle des enfants augmentait à mesure que les enfants vieillissaient.

« Ces résultats montrent comment un facteur de stress pendant la grossesse peut influencer tant le développement physique que la santé mentale de l’enfant à naître », explique Suzanne King.

Son équipe s’intéresse désormais au développement des organes reproducteurs chez les jeunes hommes et les jeunes femmes afin de voir si des changements sont observables et pourraient être liés au stress prénatal. Ces résultats seront divulgués au cours de l’année 2018.

Des expériences analogues à l’étranger

Les catastrophes naturelles ont un impact sur les femmes enceintes. Peu importe où elles se produisent.

En 2008, Suzanne King s’associe ainsi à un groupe de recherche sur les femmes enceintes touchées par des inondations en Iowa aux États-Unis. En janvier 2011, l’État australien du Queensland subit lui aussi de graves inondations. Là encore, Suzanne King combine une étude sur les désastres à une étude existante sur les femmes enceintes dont les données psychosociales sont disponibles avant l’inondation. Dans le cadre d’un récent projet de recherche, elle étudie les conséquences de l’incendie de Fort McMurray en Alberta sur les femmes enceintes (2016). Finalement, sa dernière étude s’intéresse aux femmes enceintes durant l’ouragan Harvey ayant frappé en août 2017 Houston au Texas où 72 000 femmes par an accouchent.

Pour mieux affronter les évènements catastrophiques, il est recommandé aux futures mères de limiter leur exposition à la source du stress : séjourner chez des parents en dehors des zones sinistrées par exemple. Entrevoir l’expérience de façon positive peut aussi les aider : cela a des impacts importants sur le cerveau de l’enfant. Il leur est aussi possible de diminuer leur niveau de stress en mangeant et en dormant bien ou en faisant de l’exercice.

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Ces travaux de recherche ont été financés par des subventions des Instituts de Recherche de Santé du Canada, du National Institute of Mental Health et de la Marche des dix sous.

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Bruno Geoffroy

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